Accouchement non assisté : mon témoignage
Asslamalayki.
J’espère que tu te portes bien bi idhni Allah.
Vous étiez nombreuses à l’attendre, le voici : le témoignage de mon dernier accouchement, qui était un accouchement non assisté.
Pourquoi ai-je choisi un accouchement non assisté ?
J’ai toujours voulu accoucher loin des structures hospitalières.
• Lors de ma 1re grossesse, j’ai voulu accoucher en maison de naissance. Il y avait une longue liste d’attente et les primipares n’étaient pas prioritaires.
• Pour ma 2e grossesse, je devais accoucher avec une sage-femme libérale. Mais cela n’a pas pu se faire et j’ai dû me rendre à l’hôpital.
• Et enfin, pour ma 3e grossesse, on m’avait déconseillé les sages-femmes de ma région. Je devais accoucher en plateau technique et finalement cela a été refusé au dernier moment.
• Donc, là, pour ma 4e grossesse, je me suis dit : c’est maintenant ou jamais.
Algérie et naissance à domicile.
Étant en Algérie, les choses sont très différentes. Les sages-femmes n’ont pas le droit de faire les accouchements à domicile. Je n’avais donc pas le choix d’accoucher seule.
Je savais très bien que je pouvais le faire. Allah Azawajal nous a créées parfaitement. L’accouchement allé bien se passer bi idhni Allah, et j’en étais persuadée. De plus, mes 3 accouchements s’étaient bien déroulés, pourquoi celui-ci serait différent.
Ma décision était prise, c’est chez moi que j’accoucherais.
Sauf si ma grossesse se passe mal ou si l’on découvre des anomalies chez bébé. Dans quels cas je serais allée à l’hôpital et n’aurais pas pris ce risque.
Mais une autre montagne se hisser devant moi. Et elle était bien plus haute que celle d’accoucher seule. FAIRE ACCEPTER A MON MARI d’avoir un accouchement non assisté.
Convaincre mon mari.
L’accouchement non assisté ne signifie pas être toute seule chez-soi. On peut demander à une personne de nous assister. Cette personne n’est ni sage-femme ni obstétricien.
La seule personne avec qui je voulais accoucher, était mon mari.
C’est le genre de mari qui n’aime pas trop les accouchements. Il préfère que tout cela se passe entre femmes. Et en plus de cela, il n’aime pas trop la vision du sang. Bref, j’avais à faire face à un mur.
Comment le motiver ? J‘y suis allée progressivement, mais à chaque fois, je me confrontais à la même réponse : NON. C’était catégorique.
J’ai insisté en lui mentionnant les bienfaits d’accoucher à la maison. Il les reconnaissait, mais ne se sentait pas capable de le faire.
Je me suis donc faite à l’idée d’accoucher à l’hôpital. Quoique…..
J’ai songé à ne rien lui dire. Faire passer mon accouchement comme un accouchement inopiné. En mode « oups, c’est trop tard ! On ne peut plus se rendre à l’hôpital ». Mais cela rentrer dans le mensonge et je ne voulais pas le forcer à faire quelque chose qu’il ne voulait pas.
Puis quelques jours avant ma DPA, il a commencé à me poser des questions. “Mais si tu saignes, on fait comment? Et le placenta? Et s’il ne respire pas?”
J’ai répondu à chacune de ses questions. Et il a fini par accepter.
Wouwou, c’était un feu d’artifice dans ma tête. InchaAllah, j’allais pouvoir accoucher chez moi. Enfin!
Le début des contractions
J’ai eu beaucoup de faux travail les semaines précédant mon accouchement.
Mais ce soir-là, je sens que les contractions sont différentes. J’appelle donc mon amie pour lui demander de garder les enfants. Ils dormiront chez elle comme convenu.
Les contractions continuent. Elles sont plus fortes que d’habitude. J’arrive tout de même à préparer le repas et les enfants.
Mon mari va les déposer. Je les embrasse et leur dis que demain bébé sera là inchaAllah.
Au retour de mon mari, les contractions s’arrêtent.
Oh non encore un faux travail ! Je n’en peux plus de ses faux travails.
J’envoie des messages à mon amie en lui disant que les contractions se sont arrêtées. Elle me dit laisser les enfants chez elle et de lâcher prise. Ils vont bien alhamdoulillah ! Je décide donc d’aller dormir.
À partir de ce moment, je perds la notion du temps. J’ai l’impression que les choses se sont passées lentement, mais si vite à la fois.
Les contractions reviennent. Ça y est, je le sens, c’est pour ce soir inchaAllah. Je respire. Parle à mon bébé. Fais des sons. L’accompagne. Et je DORS entre chaque contraction.
Le vrai travail commence
Les contractions me réveillent.
Je décide d’aller au salon et laisse mon mari dormir. Pour le moment, je veux être toute seule.
Je ne sais pas quel est le temps qui s’écoule entre chaque contraction et ça m’est égal. L’avantage d’un accouchement non assisté, c’est qu’on ne fait pas la course contre la montre. On a tout le temps. Et quel ni3ma!
Entre 2 contractions, je me rendors.
J’avais lu des témoignages de femmes qui arrivaient à dormir pendant leur accouchement, mais je me demandais toujours comment cela était possible.
Et bien quand on lâche prise et qu’on laisse notre corps faire les choses, ça marche. Aussi incroyable que cela puisse paraître, j’ai dormi jusqu’à la fin.
Mon mari se réveille et me trouve au salon. Je lui dis que les contractions sont douloureuses et rapprochées.
Comme pour chaque accouchement, il me fait marcher. « Allez Sakina, marche!!! ». Il me donne de l’eau et des dattes. Les contractions sont de plus en plus douloureuses.
Et là, je me dis : « Mais qu’est-ce que je fais là ? Je pourrais être dans une clinique avec une péridurale. Pourquoi je n’ai pas choisi la facilité ?»
Je me ressaisis. Je le sais. C’est le meilleur choix que je peux faire.
Marcher me fatigue et j’ai envie de m’allonger. Mon mari va me chercher un coussin et une couverture.
Je lui demande de me mettre du coran. Sourate Maryam , ma préférée. Je m’apaise et on se rendort.
Réveille toi
Les contractions sont de plus en plus longues.
Je parle à mon bébé « Courage ça va passer. Ça ne dure jamais longtemps. On va passer la vague ensemble ». Et je souffle jusqu’à la fin de la contraction.
Pendant tout ce temps, je suis entre le sommeil et l’éveil. Comme après une anesthésie. Un entre deux qui me donne l’impression de rêver.
Quand soudain, je sens la tête descendre dans mon bassin alors que je DORMAIS.
Ok, je ne m’attendais pas à accoucher en dormant. Je me réveille. Du moins, je sors de cet état d’entre deux. J’appelle mon mari, mais il ne se réveille pas.
À cet instant, c’est la panique totale!!!!
Toute seule, je n’y arriverai jamais.
La contraction suivante ne tarde pas à arriver et là, je crie plus fort. Mon mari se réveille enfin.
Je tremble, j’ai peur, je ne vais pas y arriver. Je lui demande de me serrer contre lui. Il ne comprend pas mon état et je comprends que lui aussi a un peu peur. Il prend ma température et ma tension qui est plus élevée que la normale.
Les contractions s’enchaînent.
Je supplie Allah de me libérer. Je n’en peux plus, je suis à bout. Bizarrement, je n’ai pas très mal, la douleur est supportable. C’est juste que je suis épuisée, je veux que ça se finisse.
Mon mari me motive, me dit que je vais y arriver, que je sais le faire.
Notre rencontre
Bébé arrive, je le sens. Mon mari me dit de pousser. La poche des eaux se rompt.
Pendant 2-3 contractions, je sens l’aller-retour de bébé. Je n’ai qu’une seule envie : qu’il sorte. Allah exauce mes doua’s et enfin, la tête sort.
Je demande à mon mari si le cordon est autour du cou, mais il ne voit pas. J’attends que bébé fasse sa rotation, mais il ne l’a fait pas. Son épaule se dégage et il est enfin avec nous.
Je l’entends pleurer, mon mari me le donne. Waouh quelle aventure soubhanAllah.
Je suis fière de mes hommes, car oui, je découvre que c’est un petit garçon.
Je le mets en peau à peau on le couvre et on profite.
La fatigue a disparu, moi qui avais tellement envie de dormir juste avant. Elle a fait place à la joie, la fierté, la curiosité et la sérénité.
Nous profitons de ce moment unique et le temps semble figé.
La délivrance.
Une heure après, je ressens une grosse contraction. Je pose bébé et me mets debout. Je pousse une dernière fois et le placenta arrive. Délivrance!!!!
SubhanAllah, c’est incroyable comme le corps sait réagir.
Pour mes autres accouchements, la délivrance était toujours source de stress. On m’a appuyé sur le ventre, mis de l’ocytocine et demandé de pousser alors que je n’en ressentais pas l’envie.
Bref, j’étais tellement focus sur ce placenta, que je ne profitais pas de suite de mon bébé.
Pour un accouchement non assisté, c’est tout à fait diffèrent. Tout comme le corps a été capable d’accoucher, il va délivrer le placenta.
Transfert à l’hôpital
En Algérie, suite à un accouchement non assisté, il est très difficile de déclarer son enfant. Il faut se rendre à l’hôpital AVEC LE PLACENTA, pour obtenir un certificat d’accouchement.
Donc comme prévu, nous nous rendons à l’hôpital 2 heures après la naissance pour récupérer le certificat d’accouchement. Mon fils accroché à son placenta en bébé lotus.
Je me fais sacrément remonter les bretelles par la sage-femme. Elle m’ausculte et coupe le cordon. On va ensuite me garder quelques heures en surveillance.
Ce passage à l’hôpital, je n’avais pas le choix. J’aurais préféré me recoucher avec mon bébé et attendre que les plus grands rentrent pour le découvrir.
Khayr inchaAllah, tout le reste c’est bien passé, et je garde un excellent souvenir de cet accouchement.
Tu as la parole
Pour en savoir plus sur l’accouchement non assisté je te laisse lire l’article que j’ai rédigé: Accoucher seule, pourquoi pas.
Si tu préfères un accouchement à domicile voici le lien de l’article. Et tu trouveras ici 15 raisons d’accoucher chez toi
Voici un autre témoignage d’ANA écrit par Lucie du blog vivons physiologique.
Connaissais tu l’accouchement non assisté?
Serais tu prête à le vivre?
Qu’Allah azawajal t’accorde l’accouchement que tu désires.
Magnifique et très émouvant Allahumma barik ! Merci de nous l’avoir partagé
Wow quel beau récit de naissance ! C’est merveilleux de lire ta détermination et ta force à aller jusqu’au bout.. ❤️ Alhamdoullillah que tu aies pu vivre ça avec ton mari ✨
Et surprise de lire qu’il est possible de dormir entre les contractions 😆😆
Wahouuuuuu Masha Allah quel courage soubhan Allah !
Bravo pour cette détermination sans failles.
Comme quoi rester positive mène à de belles réussites 👏
Très bel article !
Macha’Allah ton récit est d’une force ! Plus que du courage, cet ANA a été une belle épreuve pour ton époux et toi grâce à Allah.
Barakallahoufiki pour tes encouragements ma belle